Amazone des temps modernes

Amazone des temps modernes

Le cadran sonne, 6HAM.  C’est le temps de me lever avant que les enfants se réveillent pour l’école.  Je me lève plus tôt pour avoir un petit 30 minutes à moi, faire du journaling ou méditation ou même yoga, question de commencer ma journée le plus centrée possible.

6H30 sonne, c’est le temps de commencer mon premier chiffre, celui de maman.

Au réveil de la plus jeune, 8 ans, je me rends compte qu’elle a le nez qui coule. Bon, est-ce qu’on va encore me la renvoyer chez moi aujourd’hui parce qu’elle a son rhume saisonnier ou non ? Après 10-15 minutes d’observation, je constate qu’elle va bien.  Et le stress commence déjà à monter en moi…    Ensuite j’essaie de réveiller l’ado de 13 ans.

Pendant ce temps, c’est la routine de déjeuner, lunch, préparer les masques, etc. Ma plus vieille qui me dit : « Ce n’est pas vrai-là que je vais devoir porter les masques toute la journée !!! » Et la plus jeune (qui notez bien n’aime pas tant aller a l’école) : « maman j’ai un peu mal, à la tête et le nez qui coule : c’est deux symptômes du COVID ça non ? Alors je peux rester ici. »

En même temps que le cirque familial matinal, 8H sonne.  Mes employés commencent à m’écrire et les courriels à entrer. On doit organiser la zone rouge, restructurer la compagnie pour la énième fois depuis 7 mois…

 « Oui chérie tu dois porter un masque pour la sécurité de tous. », et non Lilyrose tu ne vas pas rester à la maison ! »

Je respire.  Je reste patiente.  Lorsqu’elles sont rendues à l’école, je passe ma journée à rassurer des employés, trouver des solutions pour sauver la compagnie, attendre le point de presse pour voir quels seront les changements et trouver du temps pour respirer.

Lorsque les filles reviennent, je dois être là pour elles.  Ma plus vieille vit des frustrations par rapport aux restrictions, ma plus jeune commence à vivre de l’anxiété, et moi, ben je dois gérer cela jusqu’au dodo, pour retourner avec l’entreprise ensuite, si y’a pas d’urgence sur l’heure du souper.

Je me couche épuisée, un peu stressé. Et le lendemain ça repart. Je me dois de rester solide et forte pour que mener mon navire entrepreneurial à bon port, et guider mes enfants dans le plus de calme possible et ce : seule.

Je suis une de ces mères séparées entrepreneur. J’ai bâti ma vie à partir d’un rêve. Construis mon destin et ma réalité de A-Z.  Et là le COVID est arrivé comme une bombe.  Mais je suis une maman, je ne peux pas m’effondrer, car mes enfants tomberont également. Mes employés deviendront insécures, donc mon rêve s’effritera.  Je me sens comme une amazone qui traverse une zone de combat avec mes enfants dans les bras, mon laptop en guise d’épée et mon staff comme tribu.  Mon objectif :  les guider vers une victoire en étant une leader positive.  Je dois avouer que parfois c’est essoufflant. Toutefois, j’ai quand même développé des « armes » solides pour braver cette tempête.

*La résilience même quand tout s’effondre dans l’environnement. Accepter les choses telles qu’elles sont. Dans la famille, dans la situation et dans l’entreprise.  Cette capacité m’aide à justement garder la tête froide.

*Faire preuve de créativité même lorsque la solution de la semaine dernière devient le problème d’aujourd’hui. Lorsqu’une mauvaise nouvelle arrive, au lieu de tomber à terre, je regarde ce qu’il me reste et vois comment je peux renouveler.  Vous savez, la créativité c’est être capable de créer tout à partir d’un rien.  Partir de la toile blanche, même si la toile à des taches dessus ou est trouée par moment.

*Vivre le moment présent, même lorsque tout le monde me demande « mais qu’est-ce que tu vas faire ? » Je ne peux pas contrôler l’avenir.  Je n’ai jamais pu.  Et Dieu sait que notre ancienne façon de vivre nous laissait miroiter qu’on avait bel et bien le contrôle sur tout.  Doux mensonge ! ON ne contrôle rien à part nos pensées, nos réactions et nos actions. Alors de rester dans le moment présent permet de pouvoir minimiser la distorsion mentale qui nous torture à grand coup de scénario catastrophe sur un avenir incertain.

* Prendre le temps, même lorsqu’on me demande de régler quelque chose pour « hier ».  Rien ne sert de courir.  Lorsque je prends le temps de laisser l’information se déposer en moi, je suis en mesure de cultiver le calme, de laisser la créativité s’installer et en ressortir avec des apprentissages et des solutions plus sages.

Est-ce que je reviendrais en arrière ? Non.  Car les apprentissages que j’en fais sont énormes.  J’ai acquis une force que je ne pensais pas porter.  Je me suis rapproché de mes enfants et de mon équipe.  J’ai appris à vraiment prendre elle temps de ressentir mes besoins et émotions, de les combler, pour ensuite être capable d’être une meilleure chef de tribu.  Mon intelligence est mon bouclier, mon épée est guidée par mon coeur et ma voix sert à inspirer la force et l’espoir autour de moi.

Si vous croisez une maman séparée entrepreneur en pleine pandémie qui semble épanouie, dites-vous que le soir lorsqu’elle enlève son armure de guerrière, elle doit prendre le temps de panser ses blessures.  Alors, envoie-lui un petit « je t’aime », « tu es bonne », « je pense à toi ».

Elles sont fortes et fières ces amazones des temps modernes. Derrière leur regard déterminé et leur énergie puissante, elles sont douces et vulnérables. On doit seulement prendre le temps de voir au-delà leur armure, afin de leur tenir la main et leur dire : « Tu es bonne, continue. »